Jean-Louis Chizat, un pionnier en la matière, est l’un des rares exploitants agricoles à proposer au consommateur, sur six hectares de terres ou de serres, la cueillette sur place et selon la saison, de fraises et légumes.
« En lançant ce concept novateur dans la région, on a immédiatement rencontré un beau succès. Le gel de cet hiver ajouté à des investissements lourds ont rendu les choses un peu plus difficiles aujourd’hui. Mais la cueillette à la ferme a réellement sauvé notre exploitation familiale. Elle représente 90 % de notre activité. »
Jean-Louis Chizat est un grand gaillard de 48 ans. À la fin des années 90, ce spécialiste de la fraise éprouve bien du mal à vivre de la terre. Il devra travailler un temps dans une ferme expérimentale à Étoile-sur-Rhône. Mais son besoin d’indépendance reste le plus fort: « En 2000, j’ai visité des exploitations tournées vers la cueillette directe auprès des consommateurs. Avec mon épouse, on s’est lancés. » D’abord les fraises, incontournables ici. Et formidable produit d’appel. « Avec les fraises d’avril-mai, on assure 60 % de notre chiffre d’affaires », commente le maraîcher drômois. Puis les légumes ont suivi, pour assurer la continuité de l’activité saisonnière : salades, tomates, haricots, pommes de terre, aubergines… Le succès est immédiat. La petite entreprise de Pont de l’Herbasse, sur la commune de Granges-les-Beaumont, décolle.
« Les gens sont heureux quand ils viennent chez nous. » Après tout, on a tous une âme de paysan qui sommeille en nous. Chacun pousse sa brouette, et si la terre est basse, ici comme ailleurs à Pont de l’Herbasse, on a le plaisir de chercher le légume à maturité. Du frais, du mûr. Bref, un produit à point. Pas comme ces produits conditionnés dans les chambres froides.
En cette matinée d’août, on s’active de bon cœur dans les champs, sous les serres. On a même des gens de Lyon ou Grenoble. Ce sont plutôt des retraités, mais pas seulement. Il faut dire qu’on a besoin d’un peu de temps pour faire ses emplettes ici. Pas la peine non plus de venir avec une liste de courses précises dans la poche », poursuit Jean-Louis Chizat.
Mais la cueillette à la ferme pose des contraintes plutôt lourdes. Heureusement, le travail n’effraie pas le vaillant homme. Qui ne compte plus ses heures : « Il m’arrive de terminer ma journée à 1 heure du matin… C’est le prix de mon indépendance. Je dois multiplier la fréquence des semis pour étaler au maximum ma production dans le temps. » Et cette herbe, qui n’arrête jamais de pousser… « L’herbe pose des limites au bio. Je m’efforce de recouvrir au maximum les plantations avec du plastique biodégradable. »
Pour assurer l’indispensable rotation des cultures et libérer de la place, Jean-Louis Chizat avait investi dans la culture hors-sol de ses fameuses fraises. « Ça a plu au client car la cueillette, en hauteur, s’en trouvait facilitée. Mais le hors-sol craint le gel et je vais revenir au traditionnel. Les gens aiment bien aussi ramasser dans la paille. Et puis, pour proposer des prix attractifs, du genre 3 € le kilo de fraise, on ne peut pas consentir à des investissements trop onéreux. »
En cueillant eux-mêmes leurs légumes, les consommateurs bénéficient de tarifs le plus souvent inférieurs au marché. En tout cas, la qualité est là. Il faut voir les superbes tomates qui montent au plafond des serres de Jean-louis Chizat ! La tomate, voila l’un des produits phare de ce mois d’août à la ferme de Pont de l’Herbasse. Et ce n’est même pas la peine de se baisser pour les cueillir tendrement. « Alors, elles sont pas belles mes tomates ? »
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